Il y a quelques temps je n’allais pas très bien, et je me suis rendue chez le psy.
Je lui ai exposé ma situation, et le fait que j’étais triste et en colère. Et face à cela, il m’a posé plein de questions pour me faire regarder ce qui allait bien dans ma vie par ailleurs.
J’ai bien compris qu’il essayait de détourner mon attention de ma douleur.
Mais ce n’est pas de cela dont j’avais besoin…
Parce qu’en cet instant-là, dans ce cabinet de psy, le fait de regarder le malheur du monde ne rendait pas ma propre douleur moins grave et plus facile à supporter.
Bien au contraire ! En m’invitant à regarder ce qui allait bien dans ma vie, sans prendre le temps d’accueillir ma douleur, j’ai eu le sentiment qu’il minimisait mes problèmes et insinuait que je n’avais aucune raison d’aller mal.
Et je n’ai pas du tout apprécié. Et je lui ai dit.
« Là maintenant tout de suite, je vais mal et j’aimerais qu’on prenne le temps de s’occuper de ça. C’est important pour moi et j’en ai besoin pour aller mieux. »
Il s’est d’ailleurs excusé à la séance d’après.
Je ne me souviens plus de quoi il était question pour moi à ce moment-là. Preuve qu’effectivement ce n’était pas si grave.
Mais le fait de me dire implicitement « c’est pas grave », ça ne m’a pas DU TOUT aidée sur le moment !
Ce dont j’avais besoin c’était qu’on me reconnaisse le droit à ne pas aller bien. Même pour un truc tout bête. Parce que sur le moment, ce truc tout bête était très important pour moi !
Et c’est de ça que j’aimerais vous parler aujourd’hui.
J’aimerais bien qu’on s’autorise un peu plus à aller mal !
Pas pour se complaire dans ses malheurs, mais justement pour aller mieux…
Parce que je commence à saturer de l’omniprésence de la pensée positive.
On parle beaucoup de prendre soin de soi pour aller bien, pour aller mieux, pour être heureux etc.
Mais selon moi, prendre soin de soi ce n’est PAS museler sa tristesse, sa peur ou sa colère pour ne laisser s’exprimer que la joie !!
Ce n’est pas non plus détourner le regard quand des émotions désagréables se présentent, en attendant que ça passe.
Prendre soin de soi, c’est prendre le temps de s’écouter même (surtout) quand ça ne va pas bien.
Si on ne reconnait jamais les moments où ça ne va pas bien, si on ne les laisse pas s’exprimer, comment on peut laisser s’exprimer pleinement les moments où ça va bien ?
C’est l’histoire de l’ombre et de la lumière : pour voir la lumière, il faut de l’ombre.
Bref, la tyrannie de la positivité m’énerve et je milite pour qu’on ait aussi le droit d’aller mal, même pour des trucs « pas graves ».
Oui il fait beau, le ciel est bleu, il y a un arc en ciel et les oiseaux chantent.
Oui vous avez un mari gentil, de beaux enfants, une famille aimante et des voisin charmants.
Oui vous avez un toit au-dessus de la tête, à manger dans votre assiette et un smartphone dans la main.
Mais ce n’est pas pour autant que vous n’avez pas le droit d’être triste ou en colère si vous vous cassez un ongle avant un rendez-vous important !
Et si quelqu’un vous dit que « c’est pas si grave, il y a des enfants qui meurent dans la rue ». 1 – Ça ne va rien changer pour les enfants et 2 – la gifle que vous allez lui donner va probablement aggraver vos problèmes de manucure !
En fait c’est ça le problème : la positive attitude n’aide pas pour régler les gros problèmes du monde. Et ça n’aide pas non plus à résoudre les petits problèmes du quotidien.
Ça aide juste à regarder ailleurs quand ça ne va pas bien. Ça aide à temporiser mais dans le fond, ça ne règle rien.
Pour régler les gros problèmes du monde, il faut s’y mettre à plusieurs, et nous sommes de plus en plus nombreux à nous mobiliser et à agir à notre niveau.
Mais pour les « petits » problèmes d’image de soi, de garde-robe inadaptée, de style indéfinissable etc. il y a le coaching de penderie !
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